Portraits/Valentin-Chaput

 

« J’ai des oncles céréaliers chez qui j’allais en vacances depuis tout petit, » se souvient Valentin Chaput, 24 ans, derrière sa barbe brune et sa coupe coiffé-négligé. « Plus jeune, je faisais même du tracteur dans les champs », poursuit-il. Aujourd’hui doctorant en génétique et amélioration des plantes à l’unité de recherche B&PMP (Biochimie & Physiologie moléculaire des plantes) à l’Inra de Montpellier, Valentin n’a pas quitté le monde de l’agriculture. « Je souhaitais poursuivre dans ce domaine, mais à une autre échelle. Pas à celle de la production, mais à celle de la recherche », raconte-t-il. Un parcours qui n’a rien de hasardeux, puisque dès son arrivée au lycée, en Auvergne en seconde générale, le jeune homme se renseignait déjà sur les poursuites d’études possibles dans le milieu des plantes, avant de se spécialiser année après année dans ses domaines de prédilection… jusqu’à sa participation à la finale d’un concours national de vulgarisation scientifique. Belle apogée !

« J’ai envie que les gens comprennent les sujets sur lesquels on travaille. »

Ce parcours cohérent et affirmé depuis plusieurs années aboutit donc, après un master en Agroscience et en biologie des plantes à Montpellier, à la préparation d’une thèse, dont l’obtention d’un contrat n’est pas toujours aisée pour les aspirants doctorants. Mais déjà à cette époque, en 2017, Valentin parvient à démontrer ses qualités d’orateur : il obtient la première place à l’oral du concours de l’école doctorale de Montpellier et obtient par conséquent le droit à une bourse, le lançant sur de nouveaux terrains de la recherche scientifique. Son sujet ? « L’étude des voies de signalisation impliquées dans la régulation des transporteurs de nitrate au niveau transcriptionnel et post-traductionnel chez Arabidopsis thaliana, en réponse à la lumière. » Difficile à traduire ? Pas de problème : le concours Ma thèse en 180 secondes (ou MT180) permet de rendre accessibles à tous des travaux de recherche pointus, sujets d’échanges entre initiés mais peu présents dans les discussions du « grand public ». « J’en avais assez de présenter ma science uniquement à des personnes qui la comprennent », admet Valentin Chaput, s’expliquant sur les raisons de son inscription au concours. « J’ai envie que les gens comprennent les sujets sur lesquels on travaille chaque jour, qu’ils prennent conscience de l’étendue des travaux possibles dans un laboratoire de recherche. »

« Si la famille comprend, c’est gagné »

Alors pour se préparer aux étapes successives du concours, le thésard de l’Inra a su s’entourer du meilleur public critique et des meilleurs préparateurs qu’il pouvait espérer. « Il faut tester son texte devant le plus de gens possibles, avec des regards différents. J’ai eu la chance d’avoir mon équipe derrière moi pour les aspects scientifiques, des coachs professionnels pour la prestance et la communication, mais aussi ma famille et mes amis pour le niveau de vulgarisation », explique le finaliste. « Si la famille comprend, c’est gagné », témoigne-t-il.

Et c’était également gagné auprès du jury, au début du mois d’avril à Paris, lors des demi-finales auxquelles Valentin a participé. Il faut admettre que sa comparaison entre plantes et humains a de quoi convaincre : si les humains mangent à heures régulières en journée, c’est-à-dire généralement matin, midi et soir, les plantes aussi ont leurs horaires de prédilection pour se nourrir ! Ce qui a été observé précisément, c’est que la présence de lumière en journée active certains gènes de la plante, « donnant envie aux plantes de manger du nitrate quand il fait jour », explique patiemment Valentin. « Mais on cherche à déterminer quels sont les acteurs moléculaires qui entrent en jeu dans cette nutrition en nitrate », poursuit-il. L’objectif de ces travaux est en fin de compte de créer des plantes qui gaspillent moins de nitrate ou bien d’adapter les apports en engrais aux besoins des plantes, dans l’idée de limiter les pertes en engrais et par conséquent la pollution des cours d’eau.

La présentation de Valentin le 13 juin représentera donc un enjeu pour lui et pour l’agriculture durable, mais ce n’est pas sans difficulté qu’il faudra de nouveau convaincre le jury. « Il faut réussir à dire tout ce qu’on a envie de dire, en seulement 3 minutes », rappelle le doctorant. D’où sa grande reconnaissance pour ses proches, prêts à l’épauler jusqu’à l’aboutissement du concours. « Heureusement que derrière moi, il y a une équipe soudée et des gens qui sont là pour m’aider et pour mieux faire connaître le monde de la recherche », conclut le finaliste.

Mini-CV

24 ans, auvergnat

Parcours
Depuis 2017 : Doctorant en Génétique et amélioration des plantes à l’Inra Supagro de Montpellier
2015 – 2017 : Diplômé d’un master en Agroscience avec spécialité Biologie des plantes à l’université de Montpellier.
2014 – 2015 : Diplômé d’une licence en Science de la vie, avec spécialité fonctionnelle des plantes à l’université de Montpellier.
2012 – 2014 : Obtention d’un DUT en Génie biologique option Agronomie à l’IUT de Biologie d’Aurillac.