Dorypteryx domestica (Smithers, 1958) 

Synonyme(s) : 

Noms usuels

  • Poux des livres, poux des poussières (*).
  • Booklouse booklice barklice paper lice

Classification :

  • Ordre :  Psocoptera
  • Famille :  Psyllipsocidae
  • Genre :  Dorypteryx
  • Espèce :  domestica

Indice de fréquence :

4
Posté par fabien le
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Généralités

(*) La plupart des psoques domicoles ne possèdent pas de noms vernaculaires avérés et sont appelés communément, quelles que soient les espèces, « poux des livres » ou « poux des poussières».

(**)  Pour des informations plus générales sur ces insectes reportez-vous à la fiche de présentation « Les Psoques (Psocoptera) » où figurent, entre autre, une clé d’identification des genres et des espèces faisant l’objet de nos fiches spécifiques, ainsi que des recommandations pour la lutte.

Les Psoques (nom dérivé du verbe grecque « psochein » qui veut dire broyer, émietter)  vivent « in natura » principalement dans la végétation arbustive ou basse, les litières végétales, mais aussi, pour certaines espèces dans les nids d’oiseaux, d’insectes ou de mammifères, plus rarement sous les pierres ou encore dans les grottes sur le guano.

Ces insectes sont omnivores et se nourrissent principalement de moisissures, d’algues et de champignons (levures,…) qui se développent sur divers substrats, ces derniers le plus souvent d’origine végétale.
Notons toutefois que Dorypteryx domestica et D. longipennis ont été que très rarement collectés dans la nature hors de leur patrie d’origine qui est respectivement la Rhodésie (actuellement Zimbabwe)  et l’Australie, on peut donc les considérer, au moins en Europe, comme presque exclusivement domicoles.

En général, les psoques, ne sont pas très vifs dans leur déplacement, à l’exception justement de quelques espèces domicoles dont les Dorypteryx spp. qui courent avec agilité et rapidité grâce à leur longues pattes.
Beaucoup d’espèces de psoques possèdent des formes brachyptères ou aptères, c’est le cas en particulier des Dorypteryx  spp. qui sont eux brachyptères, bien que l’on connaissent de très rares individus macroptères de D. domestica, ces derniers obtenus d’élevage. 

Les Dorypteryx, dont on connait seulement 4 espèces au monde, dont 3 présentent en Europe et en France  (D. domestica, D. longipennis et D. pallida  (***)) appartiennent à la famille des Psyllipsocidae dont les représentants possèdent en commun les caractères suivants :

 - Antennes composées de plus de 20 articles.
 - Marge de l’aile antérieure (la seule présente chez la forme brachyptère) longuement velue.
 - Pattes postérieures longues dépassant l‘abdomen.
 - Tarses trimères (c’est-à-dire formés de 3 articles).

(***) Bien que domicole comme les 2 autres espèces de Dorypteryx, D. pallida Aaron, 1883 est rare et semble beaucoup moins invasive que les 2 autres espèces, aussi nous n’avons pas jugé utile de la mentionner avec plus de détails dans cette fiche. 

La plupart des psoques domicoles ont été transportés involontairement par l’homme de sorte qu’ils sont devenus quasiment cosmopolites, c’est presque le cas de D. domestica et de D. longipennis, que l’on peut qualifier d’espèces invasives, mais signalons toutefois qu’elles n’ont été introduites que récemment dans notre pays comme dans d’autres pays d’Europe.

Comme il est de règle pour beaucoup d’espèces des denrées, les conditions ambiantes (température et humidité) et la qualité de la nourriture conditionnent considérablement la vitesse de développement des psoques ; la durée du cycle de vie peut ainsi aller de 1 à plusieurs mois.
Les Psocoptères sont des paurométaboles, c’est-à-dire que les larves et les adultes vivent dans les mêmes milieux.

Autres informations :

Les dessins illustrant cette fiche sont empruntés à la Faune de France N° 83 (1) et sont réutilisés ici avec l’aimable autorisation du Comité de la Faune de France (Fédération française des Sociétés de Sciences Naturelles). 

Critères de reconnaissance

Adulte

Taille

Plus ou moins 1,5 à 2 mm

Aspect    

Insecte allongé et élancé à pattes longues, particulièrement les tibias postérieurs. Tête très mobile, volumineuse bien plus large que le thorax, clypéus proéminent, palpes maxillaires très longs, surtout le 4ème article. Antennes de plus de 20 articles. La plus grande largeur de l’abdomen vers le tiers antérieur. Ailes (forme brachyptère) étroites à apex « pointu ». Tarses trimères. Imagos à téguments mous.


Coloration    

Tête et thorax jaunâtre clair avec des taches brun-rouge. Abdomen avec, dorsalement, 2 larges bandes transversales orangées à brun rouge

Larve


Taille

Très petite inférieure à 1,2 mm, elle varie en fonction du stade larvaire. Téguments mous.

Aspect    

Les Psocoptères sont des insectes hémimétaboles c’est-à-dire qu’il n‘y a pas de métamorphoses, de fait, les larves ressemblent aux adultes (adultes miniaturisés, sans ailes, sans organes génitaux,…) la croissance se fait de façon graduelle lors de chaque changement de stade larvaire.  
Ressemble à l ‘adulte mais absence des ailes et des organes génitaux,...

Coloration    

Moins colorées que les adultes.
Note : l’identification des œufs des principaux genres et espèces de psoques domicoles (dont Dorypteryx domestica) est possible grâce au travail de Z. KUCEROA «Stored product psocids (Psocoptera): External morphology of eggs » PDF en open access sur Internet à l’adresse suivante : www.eje.cz/pdfs/eje/2002/04/17.pdf

Cycle de développement

Les données biologiques dont nous disposons sur les Dorypteryx sont très fragmentaires  pour ne pas dire inexistantes, en particulier sur la durée du cycle de développement. On peut supposer que comme pour les autres espèces de psoques domicoles le développement, et la dynamique des populations (fécondité, nombre de générations,…) sont étroitement dépendants du milieu dans lequel ils vivent.

Contrairement à beaucoup d’autres insectes des denrées les psoques ont impérativement besoin, pour se développer, d’une atmosphère humide ; humidité relative (H.R.) égale ou supérieure à 60%. Ce sont des insectes grandement hygrophiles et c’est particulièrement le cas des Dorypteryx spp. qui sont fréquemment trouvés dans les salles de bains, les buanderies, les cuisines, les caves ou des lieux ou l’humidité est importante.

Du fait que ces insectes ont un tégument mou et de faible épaisseur, ils sont très sensibles à la déshydratation, mais ils sont capables grâce à un organe particulier situé sous le labium d’absorber de façon active la vapeur d’eau atmosphérique (ce qui est rare chez les insectes à l’exception des Mallophages (poux des oiseaux et de certains mammifères)).

On peut aussi supposer la durée du cycle est très dépendante des conditions du milieu de vie, la température et l’H.R. étant les paramètres les plus influents sur cette durée. Ces espèces sont d’origine extra européennes  (Zimbabwe et Australie) et nécessitent encore plus que d’autres psoques des conditions ambiants chaudes et humides. Il est raisonnable de penser que la  température optimale de développement se situe entre 27,5 et 35°C, mais plus la température est élevée plus l’humidité relative doit être importante, l’optimum se situant entre 75 et 90 % ‘H.R.

Les adultes de Dorypteryx brachyptères sont inaptes au vol mais sont capables de faire des sauts de plusieurs centimètres, en outre ils se déplacent  avec agilité et rapidité grâce à leur longues pattes.

Matériaux infestés

  • Amidon

  • Chitine

  • Collagène

  • Épices, végétaux, herbiers

  • Kératine

  • Papier

  • Tous materiaux humides

Les adultes et les larves des psoques sont pourvus de mandibules très développées ce qui leur permet de brouter, broyer et d’émietter leurs aliments. Ces insectes infestent, gâtent et souillent toutes sortes de denrées et de produits d’origines animale ou végétale qu’ils soient manufacturés ou non, particulièrement si ces derniers sont contaminés par des moisissures, des bactéries, des algues ou des champignons.

Les psoques domicoles recherchent particulièrement les endroits humides et chauds. Ce sont des insectes discrets qui vivent en groupe et fuient la lumière. Ils peuvent aisément passer inaperçus en raison de leur petite taille et de leur  pâle coloration, de fait, lorsque l’on décèle leur présence, les populations sont hélas souvent bien établies et  très importantes.

Si les conditions ambiantes sont favorables ils peuvent se multiplier de façon prodigieuse grâce à leur reproduction parthénogénétique et causer toutes sortes de nuisances, leurs ravages sont parfois considérables et irrémédiables :

                - Ils peuvent brouter, souiller et être à l’origine de contaminations microbiologiques de nos produits alimentaires (farines, riz, biscuits, fromages, nourriture pour animaux, plantes médicinales,…).  
    
                - Ils peuvent détériorer des collections d’insectes, des animaux naturalisés, des  herbiers et des mycothèques.

                - Ils peuvent dégrader les vieux livres de collections et les archives (en s’attaquant en particulier à la colle de reliure),  les tapisseries, les boiseries, le cuir et le plâtre et beaucoup d’autres matériaux et d’objets muséographiques.

                - ils peuvent être à l’origine d’allergies inhalatoires et sont responsables (avec les acariens) de l’effet allergénique de ce que l’on appelle les poussières des maisons. En outre  ils peuvent éventuellement être responsables de dermatoses.   
               
                Les psoques domicoles peuvent occasionnellement se nourrir des œufs d’autres insectes domicoles comme par exemple ceux des papillons du genre Ephestia, par ailleurs des cas de cannibalisme sont connus, en particulier à l’égard de leurs œufs.

                 Dorypteryx domestica et D. longipennis semblent susceptibles de se développer  dans toutes sortes de lieux (entrepôts alimentaires, magasins, cuisines et salles de bains chez les particuliers,  les musées, les bibliothèques et salles d’archives, certaines usines,….) là où il règne une humidité élevée et des températures comprise entre 26 t 35°C.

Répartition géographique

D. domestica a été interceptée en Europe pour la première fois en 1973 (Belgique) depuis cette espèce invasive s’est largement propagée  de sorte qu’elle est recensée à ce jour de 21 pays européens et qu’elle est considérée comme l’une des espèces synanthrope les plus fréquentes.

La présence en Europe de D. longipennis est plus récente (1988), cette dernière est connue actuellement de 7 pays d’Europe (Allemagne, Belgique, France (2002), Irlande, Italie, Luxembourg, Suisse) ; nul doute qu’elle est dans sa phase invasive et qu’elle sera, comme D. domestica, plus largement répandue et beaucoup plus commune dans un futur proche.

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